Ronde 5

Le voilà, quelle impatience, pourtant je suis en avance par rapport à la dernière fois, non ? D'autant que quand on gagne pas, j'ai pas l'élan habituel.
Mais je comprends que vous vouliez voir rapidemment mon façon de décrire l'extraordinaire partie au 1er échiquier, lol.

CHAMPIONNAT D2 (2007 / 2008) - RONDE 5

Match décisif entre les deux premiers du championnat de division 2 départementale. D’un côté Colmar, invaincu, et ultra-favori depuis le début de la compétition, et de l’autre la Thur, qui a eu le grand tort de commencer à jouer pour le titre qu’à partir de la deuxième journée. Pour l’instant la Thur est en tête mais compte un match de plus que Colmar. Et avec une défaite déjà à son actif, le club Cernéo-Thannois n’a pas le choix, seule une victoire peut lui permettre de continuer à jouer la titre. Un match nul (et à plus forte raison une défaite), et c’est la voie royale grande ouverte pour Colmar. Les deux équipes ont pour habitude de jouer le coup à fond, avec recrues de taille pour les matchs difficiles (des 1800 de part et d’autres à certaines occasions), et interversion d’elo pour favoriser certains échiquiers.
Privé de Deldo retenu à juste titre pour l’équipe de N IV qui a elle aussi un besoin impératif de victoire pour éviter la relégation en départementale 1, Claude pourra compter sur un remplaçant de choix, Matthieu GERTHOFFER, 1730 elo, habitué aux joutes à haut niveau.
Alban et Regillo présents eux aussi, l’équipe de la Thur a une fois de plus fière allure en ce qui concerne les premiers échiquiers, un peu moins (nettement moins même) sur les derniers, ce qui fait que l’on se dirige tout droit vers un match très serré, et donc très intéressant.

Le match se déroule à Sainte-Croix-en-plaine, et l’équipe de la Thur affiche un total de 9350 elo, celle de Colmar 9509 elo, avec un avantage pour cette dernière sur 4 des 6 échiquiers. Le match sera donc effectivement équilibré, mais pas dans le bon sens


Echiquier 6

Goetschy Timothée (1240) avec les blancs, affronte un 1499.

Appelé en renfort dans la nuit de samedi pour pallier l’absence de dernière minute de Paul Stuck, le jeune Cernéen se retrouve confronté à un adulte estimé.
Ayant demandé les blancs au capitaine car entraîné à jouer la Viennoise, Timothée ouvre e4, et l’adversaire répond… c5. C’est mal barré. D’autant que Timothée ne connaissant strictement rien à la sicilienne, continue son plan habituel et joue tous les coups de la Viennoise (Cc3, Fc4, d3…). Et bizarrement, ça marche ! Au sortir de l’ouverture, Timothée compte un pion de plus. Il échange alors les pièces légères, et propose intelligemment par trois fois l’échange des Reines. Son adversaire devenu méfiant, se garde bien d’accepter, et se replie. Malheureusement pour le Cernéen, l’adulte maîtrise bien mieux sa coordination des Tours, et Goetschy perd son pion d’avance, puis un deuxième. S’ensuit alors l’échange des pièces lourdes, et le Colmarien ne devra sa victoire qu’à son pion de plus, qui ira à promotion. La sicillio-viennoise variante Goetschy se termine donc par un mat qui offre le premier point à Colmar. Timothée semble déçu mais il a fait son maximum et n’a rien à se reprocher sur ce match, et nul doute qu’il connaîtra très prochainement des jours meilleurs.

Echiquier 5

Thor Patrick (1320) affronte, avec les noirs, un 1530.

Là aussi difficile de miser sur une victoire de la Thur. Mais Thor nous a habitué à tellement de renversement de situation qu’il ne faut présager de rien.
Le Colmarien, subtil, tente une ouverture peut usitée, et joue 1.e4. Notre Thor national, perturbé à juste titre par ce coup insolite mettra ¼ d’heure à choisir un coup cinglant, et décide de prendre son adversaire à son propre piège en jouant là aussi un coup déstabilisant, le rarissime 1…e5. L’ouverture étant ainsi achevée, les deux joueurs se retrouvent donc hors de leurs cartons, ce qui explique parfaitement le 2.Ce2 de la part des blancs. L’encyclopédie des ouvertures est formelle, on s’oriente dans une partie de m… variante à la c*n. Et au douzième coup, Thor doit lâcher un pion. Plus dangereux encore, les blancs commencent à accumuler du matériel devant le roque noir. Après quelques coups de défense, un coup précis de Thor, félicité discrètement par Regillo, va lui permettre de récupérer son pion de retard. Mais Thor, ne le « sentant pas », refuse. Les blancs se précipitent au secours du pion menacé, puis reprennent de plus belle leur attaque sur le roque, affaiblit par une colonne h désormais ouverte où s’engouffre Tour, Cavalier et Dame blanche, le tout en raflant une pièce noire au passage et en postant un pion en 7ème, inarrêtable sans sacrifice de Tour. Claude et Regillo qui assistent au massacre sont dépités. Mais au moment de mater en amenant tout simplement la deuxième Tour en h1, les blancs ratent le coche, procèdent à d’étranges échanges de pièces, et les noirs se retrouvent dans une finale sans pièces lourdes sur l’échiquier, avec juste un pion de moins ! Thor va t’il nous refaire un coup à sa façon et ressortir victorieux d’une situation désespérée ? Hélas non, la structure blanche bien meilleure, a raison de la résistance du joueur de Saint-Amarin qui doit se résoudre à abandonner. Une partie une fois de plus pleine de surprises, et Thor ne manquera pas d’asséner à son adversaire « t’as mal joué ! ». Malgré ce constat discutable, cela fait bien 2 à 0 pour Colmar, et la Thur n’a déjà plus aucun droit à l’erreur. Sauf qu’à ce moment là, sur les échiquiers 3 et 4 c’est pas brillant non-plus, loin s’en faut.

Echiquier 3

Regillo Michel (1820) joue avec ses noirs fétiches, un 1610.

Pourtant tout commence bien. Avec une ouverture 1.d4 c5 Regillo plonge dans sa benoni invincible. Mieux encore, les blancs ignorent le bon coup 2.d5 et jouent e3. Regillo, lui, continue à la perfection et se retrouve rapidement mieux, avec Roi à l’abri d’un côté, et de l’autre une pression grandissante. Point culminant de son avantage, la colonne g qui s’ouvre devant le Roi blanc. Malheureusement une enfilade vient tout gâcher et Regillo doit y laisser une qualité. Sentant ses 1820 elo en danger, il continue à jouer l’attaque, et lance sa dernière Tour sur la 7ème rangée adverse (la 2ème en fait). Aidée d’un cavalier, elle lui permet de placer une belle pointe tactique et récupère la qualité, et un pion dans la foulée ! Après 3 minutes d’apnée, il se lève pousser de nombreux soupirs de soulagement, si bruyants que certains Colmariens demanderont ce qu’il a. Son adversaire dira placidement « rien, il est content ». Et effectivement, il n’y a plus de doute cette fois sur l’issu du combat, et Claude est aussi confiant que Regillo sur ce premier point Thurien qui se profile, et ils ont raison.
2 à 1. Regillo a beau lancer à Claude « à toi maintenant ! », un regard sur sa position ne permet pas à l’espoir de changer de camp.

Echiquier 4

Niedzielski Claude (1510) affronte un 1600.

Par très rassuré devant l’écart de classement, le Marseillais de Cernay compte tirer l’avantage du fait qu’il ait les pièces blanches. Et l’ouverture lui donne raison puisque dès le 7ème coup il possède deux pions centraux (en plus en d4 et e4) contre un seul pour les noirs, et deux pièces sorties contre une seule noire. Bref, beaucoup de tempi d’avance. Il s’agirait alors de jouer à fond sur l’initiative, sauf que le Polonais de Belfort ne sait pas le faire ! Et voulant gagner de l’espace trop vite, il reperd des temps pour se débarrasser d’un Cavalier devenu gênant. Provoquant l’échange il pense alors entrer dans une Française, mais les noirs utilisant une autre possibilité de reprise font entrer les blancs en eaux troubles. Et après un roque hésitant, inutile de vous dire que Claude se retrouve dans une position totalement nouvelle. Les noirs en profitent immédiatement pour attaquer, et le Russe de la Thur ramène toutes ses troupes au bercail. C’est aux noirs de jouer cette fois sur leur initiative, et eux malheureusement, savent le faire. Claude ne fait désormais que défendre. Les noirs attaquent une pièce, les blancs protègent. Les noirs rajoutent une couche sur cette pièce, Claude fait de même. Et là, surprise, les noirs prennent quand même ! D’abord incrédule, Claude doit se rendre à l’évidence : en cas de reprise, il s’expose à une enfilade Reine-Roi. Donc, pas le choix, il doit laisser la pièce gratos. A ce moment là on compte déjà deux défaites, Regillo est moins bien, et Claude perd donc d’une pièce nette. Voyant l’équipe se profiler vers un 4-0, lorsque les noirs proposent un échange de pièces, jouant trop vite par dépit il y laisse encore une qualité. Comptant une Tour nette de plus cette fois, les noirs n’ont plus qu’à mettre un maximum de pièces sur les pions blancs centraux pour que ceux-ci tombent. Après le point obtenu par Regillo, le Cernéen Slave tente bien un mat en h7 en se plaçant deux fois en position de le placer, mais les noirs restent vigilants. Maîtrisant parfaitement leur finale, ils échangent les dernières pièces, et se retrouvent avec deux pions passés-liés, que le Roi blanc ne peut atteindre, barré par la Tour noire. C’est l’abandon, et cette première défaite de Claude en saison régulière depuis trois ans de compétition est terrible, car elle porte le score à 3 à 1 pour Colmar. Le titre départemental est désormais hors de portée.

Echiquier 2

Furet Alban (1730) affronte avec ses blancs préférés, un 1580.

L’adversaire semble à la portée de la star habituelle de l’équipe, qui n’a jamais faillit dans sa tache, apportant chaque fois le point complet à l’équipe.
Alban pense ouvrir comme d’habitude, mais une fois de plus la défense noire est bizarre, et l’ouverture passe du gambit Dame, à une sorte de gambit Roi des noirs. Alban refuse le gambit avec méfiance, et fidèle à ses habitudes, va minutieusement consolider et améliorer sa position jusqu’à parvenir à prendre l’avantage d’un pion, tout en doublant les pions adverses. Un avantage largement suffisant pour le Thannois quand on connaît sa maîtrise des finales. Il n’a ensuite plus qu’à attirer le Roi noir vers son pion passé, pour aller manger les pions adverses de l’autre côté. Devant les menaces de promotion inéluctables, les noirs abandonnent sachant bien qu’ils ne pourront gruger un Alban au top de sa forme depuis plusieurs mois.
Ce deuxième point apporté au compteur de la Thur fait apparaître un score plus honorable, et une possibilité de s’en tirer avec une nulle, qui restera insuffisante pour le titre rappelons-le.

Echiquier 1

Matthieu Gerthoffer (1730) joue avec les noirs face à un 1740

Apparemment pas facile, même si le président de la Thur avait assuré la capitaine que Matthieu était capable d’annuler jusqu’au 1811 FIDE (Mathis) aligné par Colmar lors de leur deuxième match.
La partie, une Viennoise semble t-il, est plutôt bien gérée par le renfort Thurien, et les deux joueurs restent longtemps avec le maximum de pièce. La partie est équilibrée. Trop. Les blancs voyant le score de toute façon en leur faveur, proposent logiquement la nulle. Matthieu constate bien que la position est nulle, mais comme son capitaine, il reconnaît qu’un score de 3 à 3 c’est bien mieux qu’un score de 3 à 2 pour Colmar. Il continue, et arrive dans un milieu Reine-Tour-Cavalier contre Reine-Tour-Fou, et même nombre de pions sur chaque aile. Refusant une autre proposition de nulle, et organisant un beau ballet de Cavalier, il contraint les blancs à gaffer et perdre un pion. Il échange alors Tour et Reine pour la finale. Reste encore le plus dur, éviter que les blancs sacrifient leur Fou sur le pion supplémentaire adverse, ce qui conduirait à une nulle par insuffisance de matériel. Et là, on assiste à une finale Kramniko-Albanesque. Autant je vous ai conseillé la partie de Thor à la ronde précédente pour rigoler, autant cette finale je vous la conseille franchement, et si elle pouvait nous être détaillée, sûr qu’on en apprendrait beaucoup. Traversant l’échiquier avec son Cavalier à plusieurs reprises, pour contraindre les blancs à rester vigilants sur les deux ailes, il doit en plus s’efforcer de couper le champ d’action du Fou blanc, tout en parvenant à protéger la poussée de son pion d’avance. Au terme de ce numéro d’équilibriste, Matthieu obtient une position qui va lui donner un deuxième pion d’avance. Résignés, les blancs abandonnent après 4 heures de jeu et près de 70 coups. On voit les joueurs de N IV, les matchs se jouent pas en 1 heure comme pour les autres

Belles victoires des 3 premiers échiquiers, pour un score de parité entre deux belles équipes qui ont joué le coup à fond. La capitaine félicite une fois de plus tous ses joueurs pour leur prestation face aux ultra-favoris de la compétition, et pour leur mentalité, que résume bien la partie au 1er échiquier où Matthieu à dû refuser au moins 5 fois la nulle, y compris en zeitnot, pour tenter de forcer le gain pour faire gagner une équipe qui n’est pas forcément la sienne. Bel état d’esprit. Et si on ne peut rien reprocher à Timothée, on peut nourrir des regrets sur les parties de Thor et de Claude, où une nulle sur l’un des deux échiquiers aurait suffit. Aurait-il fallut sacrifier Timothée au 5 en espérant une victoire de Thor au 6 ? Le cri de joie poussé par Timothée apprenant qu’il ne jouerait pas en D1 avec les noirs mais en D2 avec les blancs a eu raison de l’hésitation du capitaine. Mais si on peut expliquer ce choix, Claude n’a par contre aucune excuse concernant la médiocrité de son jeu dans sa propre partie. Une honte pour le capitaine d’une équipe si motivée. C’est pourquoi j’assume pleinement la responsabilité de cet « échec » et j’en tire les conclusions en me retirant de la D2, après la fin du championnat
Il reste néanmoins un match à cette belle équipe, pour clôturer cette belle saison, puisqu’il ne faut pas oublier que l’équipe ne jouait que le maintien, même si au fil du temps, et des victoires accumulées pour les divers joueurs, on s’est pris à rêver avec eux à la première place synonyme de montée, et au titre départemental. Et même si nous laissons un capitaine à la fois fier et déçu, on retrouve un président soulagé qui préfère garder une équipe de D2 plus en adéquation avec les capacités actuelles de l’effectif du club. D’autant que malheureusement, une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, l’équipe de D1 amputée par deux absence à perdu 6 à 1, et  l’équipe de N IV a elle aussi été défaite. Ce n’est pas un jour à marquer d’une Pierre Rost, euh… d’une pierre blanche pour le Cercle d’Echecs de la Thur.

j'aime bien la signature

"il contraint les blancs à gaffer"
Génial, faudra me dire comment on fait !